L’édition 2020 du Salon de Genève annulée : quelles conséquences ?
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Photo flickr | cyberyann41 | Salon de l’automobile Genève 2011
2020, année noire pour le salon de l’automobile
Le Corona virus a eu raison du GIMS (Geneva Internationnal Motor Show). Après l’annonce de la découverte du premier cas de Covid-19 mardi 25 février 2020 en terre helvète, une épée de Damoclès était suspendue au-dessus du salon. Vu la vitesse fulgurante à laquelle se propage le virus à l’échelle à mondiale, le Conseil Fédéral a tranché. Il a voté ce 28 février 2020 l’interdiction de toute « manifestation de plus de 1000 personnes », et ce, jusqu’au 15 mars prochain. C’est donc contraint que les organisateurs ont annoncé au cours d’une conférence de presse l’annulation de l’événement pour « cas de force majeure ».
Une décision difficile
Une décision que les organisateurs ne voulaient pas prendre. En effet, les enjeux financiers sont très importants pour ce salon qui est l’un des plus renommés sur la scène internationale. Jusqu’à la veille de la décision du gouvernement suisse, ils avaient fait un communiqué disant que le salon était maintenu et que les règles de sécurité et d’hygiène seraient renforcées.
La perte financière n’a pas encore été estimée, mais elle risque de se compter en millions pour les organisateurs et pour le pays. Si les exposants risquent de ne pas être remboursés, il va falloir quand même rembourser les billets qui ont déjà été vendus et calculer toutes les sommes engagées pour la préparation d’un tel événement. Le pays pour sa part va devoir se passer de la manne financière des centaines de milliers de visiteurs (environ 600 000 attendus) qui ne se déplaceront pas et ne consommeront pas.
Quelles conséquences pour le salon et les constructeurs ?
Ce n’est pas qu’une mauvaise nouvelle que pour les organisateurs du salon et la Suisse. Pour les exposants, c’est également un coup dur. En effet à 3 jours de l’ouverture des portes, tout était quasiment en place, les stands étaient montés, les voitures en place, les shows de présentation prêts.
Pourtant, quelques jours avant que l’annonce de l’annulation, de nombreux exposants avaient commencé à se retirer, ou décidé de n’envoyer que des représentants indispensables comme Toyota et Volkswagen par exemple.
Depuis, des cellules de crise ont été mises en place par les différents groupes, afin d’étudier la meilleure solution de repli pour eux et leur communication. Certains, comme Toyota, ont décidé d’annuler simplement et purement leur show. D’autres pensent s’orienter vers des présentations en ligne comme le révèle Andy Palmer, patron d’Aston Martin. Le groupe va diffuser mardi 3 mars une vidéo de présentation à partir de leur site Gaydon.
Les frais engendrés par les exposants pour un tel salon sont importants. Le « cas de force majeure » ayant été invoqué, ils ne seront pas remboursés à dit Olivier Rihs. Ce qui risque d’entraîner une élévation du nombre de constructeurs qui ne participeront plus aux salons de l’automobile. Il faut savoir qu’en 2016, au mondial de Paris, la location d’un stand sur un salon coûtait entre « 2 millions d’euros pour installer un stand de 1 500 m² et 6 millions pour 4 000 m² » d’après un groupe automobile interviewé par le magazine Challenges. À cela, viennent s’ajouter tous les coûts de fonctionnement.
De nombreux journalistes de la presse internationale eux aussi annonçaient par le biais des réseaux sociaux qu’ils ne feraient pas le déplacement.
Pour le salon c’est une véritable malédiction. Il était le seul salon international à résister aux nombreux désistements. Mais cette année, a été le contraire, beaucoup de grands groupes automobiles plus d’une dizaine (dont les Français Peugeot, Citroën, mais également Ford, Opel, Nissan, Subaru, …) ont décidé de ne pas participer aux festivités. Soit pour des raisons de coût : un tel événement demande aux constructeurs, de lourds investissements. Soit à cause de la concurrence de nombreuses autres manifestations technologiques, telle que le CES de Las Vegas (Consumer Electronics Show) qui attire de plus en plus. En effet, une véritable mutation est en train de s’opérer dans le monde de l‘automobile. Les voitures sont de plus en plus connectées et le développement de la voiture autonome n’est plus une utopie. Il est normal que les deux mondes se rencontrent dans des salons communs.