Tesla cesse la production de véhicules en Europe
0Tesla, fondée en 2003 par Martin Eberhard et Marc Tarpenning et aujourd’hui sous la direction du célèbre Elon Musk, est à l’avant-garde dans le domaine des véhicules électriques, des panneaux solaires et de l’énergie renouvelable. Cela dit, Tesla doit composer elle aussi avec une crise mondiale des composants électroniques, cause de retards majeurs d’approvisionnement. Cette situation difficile l’a contrainte à suspendre la production européenne de ses véhicules. Explications.
Pénurie mondiale de semi-conducteurs
En raison de la pénurie de composants électroniques, Tesla a récemment pris la décision de suspendre la fabrication de ses véhicules en Europe pour une durée de deux semaines, précisément du 29 janvier au 11 février 2024. Les semi-conducteurs jouent un rôle crucial dans la production de nombreux équipements technologiques, notamment les voitures électriques. La demande a considérablement augmenté mais l’offre n’a pas suivi le même rythme. La marque Tesla, très dépendante des semi-conducteurs pour l’assemblage de ses batteries, ses interfaces tactiles et ses divers systèmes électroniques s’est vue gravement affectée.
Défis logistiques et conséquences attendues
Comme évoqué par l’agence de presse britannique Reuters, Tesla, dépendante des différents contextes géopolitiques et à la recherche de nouveaux fournisseurs, a subi de plein fouet les répercussions de ces changements, générant des manquements dans sa chaîne d’approvisionnement. L’interruption temporaire de l’activité de production de Tesla en Europe touche principalement le Tesla Model Y, le SUV électrique de la marque américaine, dont les acheteurs attendront des mois pour le recevoir. L’impact se répercute donc logiquement également sur le marché tout entier de la voiture occasion Tesla, dont la demande continue entre-temps de croître.
Répercussions économiques et réactions du secteur
La fabrique Tesla basée à Grünheide, près de Berlin, emploie quelque 11 500 personnes. Ces travailleurs seront en chômage technique, infligeant à Tesla un coût social et économique à Tesla. En parallèle, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cette halte de production offre une opportunité aux concurrents de Tesla d’augmenter les ventes de leurs propres véhicules électriques, notamment quand on pense à la gamme variée de voitures électriques d’occasion comme les Volkswagen ID.3, Renault Zoe, Peugeot e-208 ou encore Hyundai Kona Electric, pour ne citer qu’elles.
De nouvelles stratégies
Tesla ainsi que d’autres acteurs du secteur automobile sont aujourd’hui contraints d’élaborer des stratégies pour s’adapter et limiter les répercussions négatives de ce déficit d’approvisionnement. Tesla a déjà intégré cette approche en diversifiant rapidement ses fournisseurs et en variant les modèles de puces selon leur disponibilité et coût. Des alliances ont également été tissées pour garantir l’approvisionnement en batteries. De leur côté, les constructeurs automobiles européens pourraient en faire de même, privilégiant en partie les fournisseurs locaux, régionaux ou nationaux, minimisant ainsi les risques géopolitiques, réduisant les durées de transport et stimulant par la même occasion l’économie locale.
Autres marchés et production décentralisée
Revers de la médaille pour le continent européen, Tesla n’a pas hésité à mettre en place une stratégie de construction d’usines en Chine et aux États-Unis, ses marchés dominants. Une implantation en Inde est prévue pour capter le potentiel des véhicules électriques dans ce pays en pleine croissance. Les constructeurs européens pourraient lui emboîter le pas et envisager l’augmentation des options de production décentralisée, à l’image des micro-usines ou usines modulaires créées en Afrique par le groupe automobile PSA¹.
Renforcement de la R&D
Enfin, une arme puissante demeure entre les mains des constructeurs, à conditions d’ouvrir le portefeuille. Il s’agit du renforcement du secteur recherche et développement (R&D), stratégie pouvant à moyen terme réduire la dépendance vis-à-vis des composants essentiels tels que les semi-conducteurs et batteries. Via des investissements conséquents, Tesla mise sur l’innovation et la R&D depuis longtemps déjà pour se démarquer et offrir des produits avant-gardistes, lui octroyant au passage un net avantage concurrentiel et une indépendance accrue. Malgré ces difficultés d’approvisionnement, Tesla demeure leader sur le marché de la voiture électrique. Le fait que la firme ait dépensé en R&D, par véhicule vendu, environ 5 fois plus² que tout autre concurrent, laisse à penser que nous avons ici à faire à l’une des pièces essentielles du puzzle.
¹Source : Les Échos
²Source : Insight Ieseg