Paulin Dementhon de Drivy.com : « Nous allons devenir l’Amazon de la location de voiture »
0La location de voitures entre particulier, vous connaissez ? Cette pratique gagne ses galons au fil des années. En Mai 2011, nous vous parlions sur le Blog Auto Selection de Voiturelib, aujourd’hui baptisé Drivy. Près de deux ans et demi après, nous avons repris contact avec l’équipe du site pour faire le bilan. Et les affaires de la location de voiture entre particuliers se portent plutôt bien. Interview du fondateur de Drivy.com, Paulin Dementhon.
Blog Auto Selection. Votre système de location de voiture entre particuliers a le vent en poupe. Imaginez-vous que l’Etat puisse mettre en place des mesures pour inciter les gens à louer leur voiture ? (baisser le prix de la carte grise par exemple sur justificatif de location, verser un bonus…)
Paulin Dementhon. Je ne pense pas que cela soit le rôle de l’Etat de contribuer financièrement au développement de la location entre particuliers. Il s’agit plutôt de cautionner cette pratique, comme c’est déjà le cas pour le covoiturage par exemple, et surtout de ne pas l’entraver.
Votre credo serait une société qui achète moins et possède moins de voitures. Une sorte de rationalisation de l’usage de la voiture. Comment gérez-vous du coup l’impact économique d’une baisse des ventes de voitures, qu’on commence à sérieusement connaître en Europe occidentale depuis quelques années et qui pose d’importantes difficultés à nos sociétés.
Généraliser la location, cela veut effectivement dire moins de voitures construites, mais plus de services autour de la voiture : gestion des réservations, mise à disposition des véhicules, entretien et nettoyage, et beaucoup d’autres services à inventer. Je pense que l’impact sur l’emploi peut être positif, car le service génère plus d’activité que l’industrie.
On défend des pratiques irrationnelles (2 voitures par foyer) pour des raisons économiques, parce qu’on comprend ce qu’on perd mais pas encore ce qu’on gagne. C’est un défaut de vision.D’autre part, la location peut justifier de produire des voitures de meilleure qualité, car utilisées de façon plus intensives, et plus spécialisées. Et l’électrique colle mieux au modèle de la location qu’à celui de la propriété. La location ouvre donc des opportunités industrielles, pas seulement dans le domaine des services.
Enfin et surtout, je pense qu’il faut prendre de la hauteur pour bien comprendre les enjeux économiques. Si nous rationalisation l’usage de la voiture, il y aura moins d’embouteillages. Que vont produire les gens au lieu de passer une heure par jour dans leur voiture ? Les millions de places de stationnement libérées dans les villes ne vont-elles pas être utilisées de façon beaucoup plus productive ? Le fait de rendre les gens beaucoup plus mobiles avec une offre de location instantanée et ubiquitaire ne va-t-il pas aider l’économie, qui dépend fortement de la qualité des transports ? On défend des pratiques irrationnelles (2 voitures par foyer) pour des raisons économiques, parce qu’on comprend ce qu’on perd mais pas encore ce qu’on gagne. C’est un défaut de vision.
Actuellement, la France est plutôt dans l’optique de sauver son marché de l’automobile. Le gouvernement évoque par exemple un retour d’une prime à la casse pour le marché de l’occasion qui boosterait le marché. La méthode est-elle adaptée selon vous ?
À long terme, je trouverais absurde que le gouvernement continue à distribuer des aides aux constructeurs automobiles, et parallèlement donne des millions à l’Adème pour convaincre les mêmes gens de rouler à vélo. Il faut accepter et planifier (et désirer !) une importante baisse du parc automobile français. Il est bien sûr indispensable de gérer la transition pour qu’elle ne soit pas trop douloureuse socialement, mais il y a une différence entre accompagner un changement nécessaire, et faire un pas en arrière un pas en avant.
Je ne connais pas assez bien le sujet de la prime à la casse, je crois qu’il y a aussi un objectif écologique consistant à retirer des véhicules polluants de la circulation. Si produire un nouveau véhicule ne pollue pas plus que d’en entretenir un vieux, pourquoi pas.
Dans les 38 millions de voitures en France, un certain nombre sont sur les parcs de vendeurs de voitures d’occasion. Un parc coûte de l’argent à un vendeur de voiture. Pourraient-ils devenir, sur le principe et de façon « légale », des loueurs en puissance grâce à votre solution ?
Tout à fait. Nous allons devenir l’Amazon de la location de voiture. Toute voiture inutilisée ou sous-utilisée pourra trouver son public sur Drivy.
Quelles évolutions peut-on attendre du système Drivy d’ici quelques années ? Comment l’imaginez-vous ?
Notre mission est de permettre aux membres de Drivy de trouver en 5 minutes une voiture à distance de marche, où qu’ils se trouvent. Nous allons donc travailler à rendre le service de plus en plus simple et immédiat, et à augmenter la densité de l’offre.
Sur votre site, nous avons lu avec intérêt votre récit du changement de nom (passage de voiturelib à Drivy). C’est peut-être encore un peu tôt pour faire un bilan, mais plusieurs mois après, comment jugez-vous ce choix de changer de nom ? Comment votre image de marque a-t-elle été impactée ?
Nous sommes ravis d’avoir eu le courage de changer, et de ne pas avoir attendu plus. C’était une véritable épreuve, mais une étape indispensable compte tenu de nos ambitions. L’impact sur l’image de marque est effectivement difficile à mesurer. Nous avons reçu parfois des félicitations pour ce nom, parfois des reproches liés sa consonance anglo-saxonne. À vrai dire nous n’en sommes pas encore au stade où nous avons une culture de marque, donc tout est à construire sur la base de ce nom court et percutant !
- 11 000 voitures actuellement disponibles sur le site
- 150 000 comptes utilisateurs créés
- 825 000 visiteurs sur Drivy.com au cours de cet été 2013
- 170 000 demandes de locations effectuées au cours de l’été 2013
- Le nombre de locations a triplé depuis janvier 2013
- En une année, le nombre de voiture a plus que doublé (5000 contre 11 0000 actuellement) et le nombre d’utilisateurs a triplé (50 000 en septembre 2012 contre 150 000 actuellement).
- Une croissance affichée d’environ 10% par mois
- paulin dementhon