Emissions de CO2 : les chiffres seraient-ils volontairement baissés ?
0Un bon pavé dans la mare ! Comme vous le savez probablement, aujourd’hui, les émissions de CO2 d’une voiture sont au cœur des préoccupations et sont un critère de poids dans l’achat d’une voiture neuve. La preuve en France avec le système de bonus malus écologique qui est calculé en fonction des émissions de CO2 annoncées. Or, récemment, la commission européenne a décidé d’évaluer les évaluations ! C’est-à-dire de se pencher sur les protocoles mis en place par les constructeurs pour établir les émissions de CO2. Et le résultat peut apparaître comme surprenant.
Le rapport a été diligenté par trois organismes d’audit* qui ont donc observé scrupuleusement comment les constructeurs évaluaient les émissions de CO2 de leurs véhicules. Pourquoi effectuer cette observation ? «Au fil des années, il est apparu qu’une partie de la réduction des émissions de CO2 pour les voitures neuves en Europe ne pouvait pas être attribuable à la seule mise en œuvre des technologies de réduction du CO2», explique ainsi le rapport. Or, les conclusions montrent que les chiffres donnés par les constructeurs sont parfois très éloignés de la réalité, à cause de conditions dans lesquelles sont réalisés les tests.
Jouer sur les paramètres pour faire baisser les taux
Il règne en effet un certaine imprécision dans certains termes ou une marge d’interprétation laissée aux constructeurs qui pourraient amener à des chiffres biaisés. Par rapport à 2010, les taux d’émissions de CO2 ont baissé de 26,8 gr/km, passant de 167,2 à 140,4 g/km. Selon le rapport de l’audit, deux tiers de cette baisse peut être imputé aux améliorations technologiques mises en place sur les véhicules. Le reste est à mettre sur le compte de la façon d’effectuer les tests. Et sur ce point, un certain nombre de paramètres permet ainsi de faire baisser les taux d’émissions de CO2. En voici quelques uns sur lesquels les constructeurs jouent allègrement, ne faisant qu’exploiter les failles du système :
- utilisation de pneus avec un indice de traction élevé (qui accrochent moins)
- faire rouler les véhicules sur des revêtements sans aspérité
- Le poids du véhicule
- la préparation du véhicule (ajout de lubrifiants par exemple)
- l’alignement des roues
- le gonflage des pneus (des pneus surgonflés sont moins gourmands en énergie)
- l’entrée d’air de refroidissement à l’avant du véhicule
- le niveau d’huile (volontairement réduit)
- la température (idéale pendant les tests)
- le vent (absent dans les tests)
- la pression atmosphérique
- le taux d’humidité
Au final, c’est le consommateur qui se fait avoir puisqu’il croit acheter des qualités sur une voiture qu’il ne pourra jamais constater. Et il en paye le prix à l’achat de la voiture. Le système d’attribution de bonus et de malus est également remis en cause par ces tests. Les voix s’élèvent ainsi pour dénoncer les conditions de tests actuels qui ne sont pas représentatifs des conditions d’usage des voitures et qui ne sont plus adaptés à une époque où l’on a besoin de données claires et fiables autour de l’écologie automobile.
Le projet drastique de l’UE
L’Union européenne a en effet mis en place un projet de réduction de la pollution particulièrement drastique pour les années à venir. Chaque constructeur sera évalué sur la moyenne d’émission de CO2 de son parc auto. Si cette moyenne dépasse la norme (à l’horizon 2015, 130 g/km de CO2, puis 95 g/km de CO2 en 2020), il devra payer une prime pour chaque véhicule. Et la note pourrait très vite devenir salée :
- 5 euros pour le premier gramme par kilomètre de dépassement par rapport à la norme
- 15 € pour le deuxième g/km
- 25€ pour le troisième
- 95 € pour les grammes supplémentaires
- chaque gramme de CO2 par kilomètre au-delà de la norme sera facturé 95 € à partir de 2019
Autant dire que présenter des chiffres inférieurs à la réalité n’a jamais été aussi intéressant ! Pour combien de temps encore ?
*The Netherlands Organisation for Applied Scientific Research (TNO), British-based AEA Ricardo et IHS Global Insight (USA)
Aller plus loin
Consulter le rapport complet : http://ec.europa.eu/clima/policies/transport/vehicles/cars/docs/report_2012_en.pdf
Voir les détails de la politique européenne en matière de réduction de la consommation de carburant et des baisses des émissions de CO2 : http://ec.europa.eu/clima/policies/transport/vehicles/cars/index_en.htm